N'y a-t-il pas une contradiction dans l'oeuvre d'Arendt? On y trouve une description critique du totalitarisme national-socialiste, mais aussi l'apologie de Heidegger érigé, malgré son éloge de la "vérité interne et grandeur" du mouvement nazi, en roi secret de la pensée. L'étude des Origines du totalitarisme montre qu'Arendt développe une vision heideggérienne de la modernité. Dans Condition de l'homme moderne, la conception déshumanisée de l'humanité au travail et le discrédit jeté sur nos sociétés égalitaires procèdent également de Heidegger. En outre, (...) des lettres inédites montrent qu'Arendt a décidé de marcher sur les pas de Heidegger avant leurs retrouvailles de l'année 1950. Il s'agit d'une adhésion intellectuelle, irréductible à la seule passion amoureuse, et qui mérite d'être prise au sérieux. Certes, Arendt ne partage pas l'antisémitisme exterminateur de Heidegger confirmé par ses Cahiers noirs. Que devient cependant la pensée, instrumentalisée dans l'opposition - nouveau mythe moderne - entre Heidegger, le "penseur" retiré sur les hauteurs neigeuses de sa hutte de Todtnauberg, et Eichmann, l'exécutant sans pensée, le "clown" muré dans sa cage de verre? (shrink)

Après Condition de l'homme moderne et La crise de la culture, l'essai De la révolution (1963) est le troisième ouvrage d'une série dans laquelle Hannah Arendt expose le nouveau paradigme du politique qu'elle entend développer ainsi qu'un nouveau paradigme de la révolution. Dans un contexte de Guerre froide, elle propose de tirer les leçons de l'histoire en opposant ce qu'elle nomme le "désastre" de la Révolution française aux leçons d'une révolution supposée réussie, incarnée par la "Déclaration des droits" américaine. Les (...) contributions des historiens et philosophes réunies dans ce volume, analysent la manière dont Arendt instrumentalise l'histoire des Révolutions américaine et française et se détermine par rapport à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Elles étudient également la place qu'Arendt attribue au peuple au cours de ces processus et dans quel esprit elle se réfère, dans le dernier chapitre de son essai de 1963, aux "conseils" révolutionnaires. La formule arendtienne du "droit à avoir des droits" amorce-t-elle, comme certains le soutiennent aujourd'hui, un tournant politique dans la considération des droits de l'homme? Ne représente-t-elle pas plutôt une machine de guerre contre la notion même de droit naturel, qui se trouve au fondement de ces droits? Dès lors, que reste-t-il de l'idée d'humanité dans la perspective construite par Arendt?"--Page 4 of cover. (shrink)

Jean-Pierre Faye analyse la conférence méconnue de Carl Schmitt : « Economie saine dans un Etat fort », tenue le 23 novembre 1932 devant les membres de « L’Union au Long Nom » (ou « Union pour la conservation des intérêts économiques communs en Rhénanie et Westphalie »). Schmitt y énonce la nécessité pour l’Allemagne d’un « Etat total », équivalent allemand à ses yeux de « l’État totalitaire » de l’Italie fasciste. Cette prise de parole aura un effet (...) décisif : trente-cinq représentants de la finance et de l’industrie allemandes, auditeurs de la conférence, adresseront une pétition à Hindenburg, président du Reich. Ils l’inciteront à appeler le « chef du grand mouvement » au poste de chancelier du Reich. Ce « mouvement » est le déjà criminel NSDAP : le Parti national-socialiste ouvrier allemand, le parti « nazi ». Le 30 janvier 33, Hitler sera chancelier. En neuf semaines, la conférence de Schmitt aura eu pour effet d’abattre tous les obstacles à l’avènement du Troisième Reich. La formule de « l’Etat total » a donc su transmettre aux temps et aux langages une charge à l’énergie insoupçonnée, porteuse des plus grands crimes. Ainsi est révélée la responsabilité centrale de Schmitt dans la mise en place du nazisme. Ce juriste, qui étrangement apparaît pour beaucoup aujourd’hui comme un penseur politique de référence, n’a d’abord avancé qu’une seule carte d’un jeu mortifère. Mais c’était une carte maîtresse, elle était dangereusement efficace pour faire passer le pire dans l’Histoire. Il était intéressant de lire en parallèle les « Journaux » de Schmitt et de mesurer l’attention portée par le juriste aux événements, dans les semaines qui précèdent et suivent l’arrivée d’Hitler à la chancellerie du Reich. Ce qui frappe est cependant la banalité quotidienne qui transparaît dans ces notes. Si ce n’est, peut-être, qu’un mot va lui paraître acquérir un poids nouveau : « Jude », « juif ». C’est son propre rôle, dans le nazisme, à lui Carl Schmitt, qu’il va découvrir par là... (shrink)

A comparação das traduções latina e holandesa do original perdido de La Recherche de la Vérité par la lumière naturelle permite concluir a presença de uma ocorrência notável do termo “consciência” nesse diálogo póstumo de Descartes. Essa ocorrência permite responder às interpretações que põem em questão a existência de uma invenção cartesiana da consciência moderna, bem como esclarecer o que aproxima e separa, ao mesmo tempo, Descartes de La Forge e Malebranche no que concerne à significação do termo consciência. Este (...) estudo visa, enfim, reavaliar a importância filosófica desse diálogo de Descartes. (shrink)

Com a publicação do curso de 1933 – 1934 que conclama a “exterminação total” do inimigo interior, o ano de 2001 marca uma inflexão na recepção da obra de Heidegger e exige o exame crítico do uso de termos-chave de sua doutrina, tais como o ser, concebido por ele como “termo codificado” , a história, a técnica e o extermínio ou aniquilamento . Trata-se igualmente de recolocar numa perspectiva crítica o projeto mesmo da “obra completa”.

Past research has identified a number of asymmetries based on moral judgments. Beliefs about what a person values, whether a person is happy, whether a person has shown weakness of will, and whether a person deserves praise or blame seem to depend critically on whether participants themselves find the agent's behavior to be morally good or bad. To date, however, the origins of these asymmetries remain unknown. The present studies examine whether beliefs about an agent's “true self” explain these observed (...) asymmetries based on moral judgment. Using the identical materials from previous studies in this area, a series of five experiments indicate that people show a general tendency to conclude that deep inside every individual there is a “true self” calling him or her to behave in ways that are morally virtuous. In turn, this belief causes people to hold different intuitions about what the agent values, whether the agent is happy, whether he or she has shown weakness of will, and whether he or she deserves praise or blame. These results not only help to answer important questions about how people attribute various mental states to others; they also contribute to important theoretical debates regarding how moral values may shape our beliefs about phenomena that, on the surface, appear to be decidedly non-moral in nature. (shrink)

ABSTRACTAt present, the consequences and functions of experiences of shame are not yet well understood. Whereas psychology literature typically portrays shame as being bad for social relations, motivating social avoidance and withdrawal, there are recent indications that shame can be reinterpreted as having clear social tendencies in the form of motivating approach and social affiliation. Yet, until now, no research has ever put these alternative interpretations of shame-motivated behaviours directly to the test. The present paper presents such a test by (...) studying the extent to which shame motivates a preference for social withdrawal versus a preference for social approach. Two studies using different shame inductions both showed people experiencing shame to prefer to be together with others over being alone. In addition, the preference for a social situation was found to be unique for shame; it was not found for the closely related emotion of gui... (shrink)

The majority of Dutch physicians feel pressure when dealing with a request for euthanasia or physician-assisted suicide. This study aimed to explore the content of this pressure as experienced by general practitioners. We conducted semistructured in-depth interviews with 15 Dutch GPs, focusing on actual cases. The interviews were transcribed and analysed with use of the framework method. Six categories of pressure GPs experienced in dealing with EAS requests were revealed: emotional blackmail, control and direction by others, doubts about fulfilling the (...) criteria, counterpressure by patient’s relatives, time pressure around referred patients and organisational pressure. We conclude that the pressure can be attributable to the patient–physician relationship and/or the relationship between the physician and the patient’s relative, the inherent complexity of the decision itself and the circumstances under which the decision has to be made. To prevent physicians to cross their personal boundaries in dealing with EAS request all these different sources of pressure will have to be taken into account. (shrink)

Humans do two types of actions, polimorphic actions and mimeomorphic actions. The ability to carry out polimorphic actions cannot be mastered outside of socialization. Mimeomorphic actions, however, can be learned in other ways; sometimes, they can be learned away from the context of practice. Polimorphic actions cannot be mimicked by machines, but some mimeomorphic actions can. Other mimeomorphic actions are too complex to mechanize. Actions that cannot be mechanized because they are physically complicated should not be confused with actions that (...) cannot be mechanized because socialization is needed to master them. The analysis has implications for recent debates concerning the differences and similarities between humans and machines. The implica tion of the analysis is that much more can be understood about the relationship between humans and machines if the difference is treated as being a consequence of the unique properties of human societies. In this article, the analysis is applied to cardiac catheteriza tion, pacemaker implantation, simulation of bodies, and work in a medical "SkillsLab.". (shrink)

In the Netherlands fertility doctors increasingly formulate protocols, which oblige patients to quit their unhealthy lifestyle before they are admitted to IVF procedures. We argue that moral arguments could justify parenting protocols that concern all future parents. In the first part we argue that want-to-be parents have moral responsibilities towards their future children to prevent them from harm by diminishing or eliminating risk factors before as well as during the pregnancy. This is because of the future children's potential to become (...) of a certain type, more specifically: a person that will be the want-to-be parents' child. Want-to-be parents intend to become pregnant and therefore have an additional moral reason to diminish the risks. Also, people who become pregnant unintentionally have the responsibility to prevent their children from harm, unless they become pregnant due to contraception failure. All people not wanting to become pregnant should use contraception methods carefully.In the second part of this paper we translate the want-to-be parents' responsibilities into practice. We distinguish four determinants of risk factors: modifiability, chance, severity and effort. We examine some evidence-based risk factors based on these variables and deduce levels of responsibility.In conclusion, formulating informal requirements for want-to-be parents is morally required and therefore also for want-to-be parents in need of medical assistance. The protocols developed by fertility doctors in the Netherlands could be seen as the precursor for a general, informal Parenting Protocol that could be developed on the basis of an extended and thoroughly debated risk-responsibility analysis. (shrink)